Nous n’étions pas des tendres

Comme chaque été, Hélène revient s’occuper de son père, dans la maison du lac qui a abrité tous les étés de la famille depuis son enfance. Rien n’a changé au village, ni les gens, ni cette pesanteur qui vous colle à la peau. Pourtant, cet été, tout se défait. Son frère veut vendre la maison, son père vieillit de plus en plus, ses filles grandissent. Au mitan de sa vie, Hélène s’interroge sur sa vie et renoue avec ses racines. Sur le marché, son regard croise celui d’un ancien amant. Leurs corps se retrouvent et cet amour d’automne a pour tous les deux le goût de la liberté.

Sylvie Gracia a gardé de son enfance un lien charnel avec la nature qu’elle déploie dans des descriptions âpres et sensuelles. Dans ce roman aux accents autobiographiques, elle décrit de l’intérieur ce bout du monde et ses habitants. Le regard de son héroïne est au scalpel, sans doute parce qu’elle est toujours en décalage  : seule fille dans une famille patriarcale, enfant d’immigré espagnol dans un village de l’Aveyron, femme à l’accent du sud qui travaille à Paris dans un milieu bourgeois. Cette lucidité donne des phrases d’une grande beauté, qui surgissent comme des étincelles.